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16 ans deja que je travaille dans le marketing.

Pas n’importe quel marketing voyons. Celui du Luxe, de la mode et du premium. D’abord en tant qu’employée dans la couture, l’hôtellerie, les services ou encore l’horlogerie. Et depuis bientôt 10 ans, à mon compte. Consultante et formatrice j’ai fondé l’agence Epykomene en décembre 2010. J’ai accompagné et collaboré avec beaucoup de marques, de personnes passionnées et déterminées.

Dès que j’ai lancé Epykomène,

j’ai eu l’opportunité de donner des cours en écoles de commerce. Des conférences, des débats, des jurys sont venus enrichir mon activité. Je formais déjà lorsque j’étais employée et je donnais également des cours depuis le collège. Partager, donner les clefs pour faire et aider à faire. C’est naturel pour moi et cela m’a toujours apporter une certaine fierté. Je me suis découvert le gout d’intéresser, de convaincre et de distraire. Parce que la transmission passe aussi et d’abord par un contact humain joyeux et authentique selon moi.

23 novembre 2016 – Marque & Luxe

En 2016, ma vie professionnelle a cependant connu un tournant. A la suite d’une proposition d’un de mes mentors – Hervé Kabla pour ne pas le citer – je me suis enfin décidée à publier. Publier mon premier ouvrage dans le secteur avec une maison d’édition connue et à taille humaine. Un projet alléchant. C’était la suite logique à ma carrière. On conseille, on enseigne, on publie. On se fait un réputation encore plus solide. On voit son nom et ses mots apparaitre dans des journaux à grands tirages. On donne des interviews. On écrit des articles. On passe à la télé.. écrit  On conseille plus et plus cher, on enseigne moins et plus cher, on publie encore et encore.
Pour moi, l’aventure fut très riche de révélations d’un autre genre. Alors que j’ai adoré l’expérience, je me suis eloignée du chemin dessiné pour moi et non par moi. J’ai ouvert la porte au passé.

L’écriture fait partie de moi.

Elle me touche au plus profond. Dans ce lieu où les peines se ressentent et tordent la douleur, où les moments précieux se vivent comme des feux d’artifices émotionnels. L’écriture et la musique. Ecrire en chantant. Conter des chansons. Des poèmes. Des histoires. Des romans. Raconter pour donner de la force. Lire des larmes, des rires, des rêves. C’était mon rêve d’enfant.
J’ai appris tant bien.. non pour moi c’était plutôt tant mal que mal, que ce n’était pas quelque chose à dire. Plus jeune, je le disais haut et fort à toute personne qui voulaient apprendre à me connaitre.

Auteure, compositeure et interprète

Je n’hésitais pas non plus à l’écrire sur la fiche de renseignements que les maitres, les maitresses puis plus tard les professeurs vous demandent à la rentrée des classes.
J’entends encore maman me répétait :”tu as écrit quoi ? mais ca ne fait pas sérieux. Ecris que tu veux être avocate ou faire du commerce par exemple.” Et moi qui ne voulait pas mentir sur qui j’étais… à l’époque. Mon coeur se tord de douleur au souvenir.
J’ai compris ce qu’elle tentait de me conseiller à l’entrée en seconde au lycée Condorcet. A la fin de mon premier cours de français avec Monsieur B., il m’a demandé de rester pour me parler. Il a pris ma fiche avec un air dédaigneux et circonspect d’une main pendant qu’il gesticulait l’autre pour imager son interrogation. Sans me jeter un regard, il m’a lancé la question qui ébranlé l’idée que j’avais de l’école : “J’ai du mal à comprendre Mademoiselle Kabla. Pourquoi voulez-vous faire un bac L au juste ?”
Que répondre à cela ? Lorsque vous avez 14 ans, nouvelle venue dans un lycée aussi élitiste qu’était Condorcet, pas grand chose. J’ai dit que oui je voulais faire un bac Littéraire, que j’aimais les mots et les langues. Je n’ai pas pensé à le questionner à mon tour si les raisons de son interrogatoire. J’ai juste pensé, pourquoi moi ? Pourquoi n’a t’il posé la question qu’à moi. Etait-ce parce que j’avais écrit ce que je voulais faire dans la vie ? Ou parce que j’avais un sens de l’esthétisme et du bon goût fort développé (c’est inné que voulez-vous) et qu’il voyait en moi la future fashionista très superficielle et donc « Luxe » du lycée ?

La détermination du Sagittaire

J’ai passé l’année à rattraper mon retard de culture par rapport aux autres étudiants “mieux préparés” que moi. Moi qui venait de mon petit collège du 19ème arrondissement, où les 18/20 ne me demandaient aucun travail préparatoire. J’ai vite compris le fossé que j’avais à combler.  Monsieur B. avait certainement anticipé ces obstacles qui m’attendaient mais il avait mal jugé mes capacités.
J’ai lu les livres par dizaine, appris toute sa méthodologie et celles qui m’étaient recommandées. J’ai probablement installé tout le nécessaire pour le futur ulcère de mes 30 ans mais qu’importe, lorsque j’ai décidé de gagner, rien ne peut m’arrêter. Les yeux grands ouverts dès l’aube, je relisais. J’apprenais des citations par coeur. Je vibrais des histoires de ces grands auteurs. J’ai appris. J’ai grandi. Et j’ai excellé.
J’ai fini l’année à plus de 15 de moyenne en français (comme en mathématiques d’ailleurs). A Condorcet. Epuisée mais j’avais réussi à me rentrer dans le moule et arriver en tête de classe. Et lorsque toutes les différentes filières se sont offertes à moi, j’ai pris la section ES (Economie et Social), la moins considérée de toutes. Je me rappellerai toujours que cette fois-ci, Monsieur B. a planté son regard dans le mien plein d’interrogation et d’estime : « Mademoiselle Kabla, vous vouliez faire une 1ère L. Vous avez tout ce qu’il faut pour. Pourquoi partir en ES ?”. J’étais déléguée suppléante et le dernier conseil de classe fut le seul auquel j’ai assisté. La victoire qu’il m’a semblé vivre ce jour là était inestimable à l’époque. Aller là ou l’on ne m’attendait pas. Choisir la différence. Et faire le bon choix. J’ai toujours été faussement rebelle à ma façon. Ne pas entrer là où on ne voulait pas de moi était une de mes façons.

Se fondre dans la masse ou se confondre

Je n’ai plus jamais écrit nul part que mon projet professionnelle était d’être auteure, compositeure et interprète – chanteuse internationale.
A la place, j’ai gardé la moitié du rêve vivante : l’international. Je suis partie voir la conseillère d’éducation et j’ai demandé quel métier devait-on faire pour voyager. A Condorcet, le métier d’hôtesse de l’air n’était pas dans la liste. L’avocature, le commerce, oui. Pour le commerce, il faudrait faire une prépa HEC pour rentrer dans l’une des meilleures écoles bien évidemment.
Pas question de perdre des années à apprendre encore des choses qui ne me serviraient qu’à trop peu voir à rien. Je n’avais plus de temps à perdre. Je devais partir visiter le monde. Voyager serait mon oxygène. J’ai choisi une petite école post bac qui n’existe plus. Mes parents ont été convoqués par mon professeur principal lorsque j’ai noté ce choix et refusé de déposer des dossiers pour les prépa. Tenter de m’aider à me ressaisir. Que nenni. J’ai foncé tout droit là où je suis aujourd’hui.
Une école, puis une autre plus notoire. Un échange à l’étranger. Des stages, puis des postes toujours en lien ou à l’étranger. J’ai voyagé 3 à 5 mois par an. Je ne vivais que pour ces moments et le statut qu’ils me procuraient à mes yeux. Puis je me suis libérée des chaines du salariat. C’était trop de faux semblants et je manquais de diplomatie et de patience. Je vivais le travail comme on vit la grande passion de l’amour. A mon compte, j’ai pu travaillé pour des clients du Moyen-Orient, du Japon, de l’Europe et bien sur de mon pays de coeur, les Etats-Unis. Les conférences et les cours m’ont emmenée à croiser le chemin de personnes du monde entier : la Chine, l’Inde, l’Italie, le Colombie. J’ai gouté à beaucoup les cultures. Et puis petit à petit, j’ai réduit mes mois de présence en France, 8 mois à 7 à 5. Le reste de temps je voguais à l’étranger – principalement à New York et à Los Angeles. Des trimestres entiers. A travailler à distance. A vivre. A dépenser.

Travailler pour voyager.

Jusqu’à la publication de ce premier livre qui a tout changé. Lorsque j’ai commencé à écrire “Marque & Luxe”, j’ai pris cela tres au sérieux. Un livre. C’était la réalisation de soi. Poser des mots. Un livre valait toutes les missions, tous les clients, tous les projets. Je ne voulais plus conseiller. Je ne pouvais plus conseiller. J’avais besoin d’écrire de me retrouver. J’étais enfin prête aussi à lancer ma propre marque en meme temps que ma prose.  A présent et depuis presque 4 ans, je me suis réconciliée avec moi-même. Je retrouve dans l’écriture, un bout de moi.

J’hurle mais les mots ne sortent pas

C’est comme si, j’avais voulu passer ma vie à courir sans même avoir appris à marcher. Se renier, je ne le souhaite à personne. Est-ce que j’en veux à quelqu’un ? A personne même pas à moi-même. Il a fallu du temps. Mais a quoi sert de le passer à grogner ? Lorsque l’on peut créer, être soi pour mieux partager ? A 36 ans, j’ai la vie pleine d’opportunité. Lancer un nouveau projet entrepreneurial plein de sens et de beauté, choisir les clients que je conseille, partager le savoir et la passion du Luxe avec des étudiants du monde entier et écrire, publier, partager avec des mots et qui sait bientôt peut-être en musique.

Le titre de cette nouvelle est : “Marketeuse par défaut ?”

La réponse est « oui et non”.
Oui parce que soyons clair, cela n’a jamais ete mon ambition et determinée je le suis presque trop et depuis toujours. Donc par défaut c’est évident.
Est-ce une erreur ? Non. Bien au contraire. Dans le marketing au sein du secteur du Luxe, j’ai pu trouver un sens à accompagner ces Marques. J’aime communiquer des choses belles, j’aime propager la joie et rendre hommage à la création humaine. Une artiste qui ne se réalise jamais ou trop tard, n’a t’elle pas le droit de vivre par procuration ? D’aider ceux qui prennent leur dessein par la main ? Et puis le Luxe, le vrai Luxe, embrasse l’art comme il se doit. Enfin, à ma place, j’en profite aussi pour me battre du côté des gentils et faire du marketing, une fonction authentique, honnête et bienveillante. Pas de mensonge, de bullshit ou de faux-semblants. Et je ne suis pas peu fière de dire que je ne suis pas mauvaise dans ce que je fais. Marketeuse par défaut peut-être, mais tres bonne marketeuse quand même ! 🙂

Artiste & businesswoman ? Crédible et réalisable ?

Aujourd’hui, lorsque je pense à ma vie et le désir que j’ai de montrer l’exemple en tant que maman entre autre, je comprends la nécessité de s’assumer. J’ai conscience aussi qu’il ne tient qu’à nous de changer, de faire et d’accéder à ses rêves. Etre fière de qui l’on est, de ce que nous avons à explorer et à partager avec le monde, c’est une des étapes les plus importantes d’une vie réussie selon moi.
S’il y a des artistes qui se lancent dans le business comme Rihanna ou Kanya West, l’inverse ne devrait pas surprendre.
Et si la femme libre de demain est celle qui peut être indépendante et aux fourneaux ? Maman et entrepreneur ? Amante et forte à la fois ? Artiste et businesswoman ?
Je me disais que pour cette fois, il fallait écrire et publier sur celle que je suis vraiment. C’est chose faite.
Un peu de moi, face au miroir. Sans make up. Sans bijou. Sans Lunettes. Sans l’air sérieux ou la réputation d’experte des marques du Luxe, du premium et de la mode. A la place, je suis entourée de livres, des partitions de musique, d’un piano, de critériums, de feutres, de crayons, de papier et de cahiers… et il y a  Alexa dans le fond qui chantonne de la musique lyrique. Je suis moi comme ça aussi.
Merci de m’avoir lue. Que cette mise à nue donne de la force pour être soi dans cette vie plutôt qu’une autre.

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